Pikes Peak – Philippe Sinault : « L’Alpine A110 a une cote d’affection incroyable en Amérique »
Philippe Sinault, directeur général de Signatech, se confie à quelques heures du grand rendez-vous pour Alpine à Pikes Peak, où la confiance règne dans le clan tricolore.
Philippe, le projet Alpine A110 Pikes Peak se concrétise enfin ce week-end, quel est votre ressenti de voir votre voiture limer le bitume ici, au Colorado ?
C’est incroyable ! Le terrain de jeu est fantastique, quand tu arrives ici, tu prends une grande claque ! En Europe, nous avons de très belles montagnes mais ici, les dimensions sont différentes. Je n’avais jamais vu un aussi beau lever de soleil qu’ici, c’est un truc incroyable.
Vous vous attendiez à un décor aussi grandiose ou cela dépasse-t-il vos espérances ?
C’est bien au-delà, mais dès que l’on entend un moteur, les passages de rapport au loin, ça nous ramène à la réalité pour rester concentrer sur le comportement de la voiture. Nous passons d’un passage bucolique, presque philosophique au début, à un retour sur terre avec la course. De voir passer notre voiture ici, c’est juste incroyable. Elle est encore plus belle en dynamique dans cet environnement-là.
La météo capricieuse avec le vent et le froid vous perturbe-t-elle dans la préparation ?
Nous savions qu’à 4000 mètres d’altitude, cela allait être un gros sujet. Sur un tracé aussi long avec un profil et des altitudes aussi différents, tout est une question de compromis. C’est là où Raphaël [Astier] est très fort et où la voiture est parfaite pour ça. Elle donne confiance à son pilote, elle lui donne ce flow, cette fluidité dans le pilotage. Dans les passages de ce [vendredi] matin lors des essais, ça se voyait.
Les ressentis après les essais sont donc plutôt bons ?
Oui, il y a une forme de sérénité qui s’est installée.
À moins de deux jours du départ, que peut-on encore améliorer ?
Dans l’absolu, on peut tout améliorer ! Mais d’abord, il faut rappeler que nous ne sommes pas là pour gagner la course, nous ne sommes pas à la recherche de la performance ultime. L’erreur serait de vouloir trop pousser, d’aller trop loin. Il ne faut pas tomber dans ce piège. À l’heure actuelle, nous avons une bonne base, Raphaël va faire ce qu’il sait faire, et je n’ai pas besoin de lui en dire plus.
Vous n’avez pas un chrono en tête à aller chercher ?
Ça serait mentir de dire qu’on n’y pense pas… mais déjà, la voiture et le pilote sont au-dessus de ce que je pouvais imaginer, personnellement. Si nous faisons un top 5 dans le classement général, ça serait déjà fantastique. Mais pour nous, l’aventure est déjà une réussite.
Il y a deux semaines, vous étiez aux 24 Heures du Mans pour une des courses les plus médiatisées et les plus réglementées au monde. Ici, à Pikes Peak, c’est une liberté presque totale, comment gérez-vous cette transition entre les deux épreuves ?
Assez facilement, malgré ce qu’on pourrait imaginer. Nous n’avons pas perdu notre ADN ni notre âme, même au Mans. La notion d’équipe, la valeur humaine : tout est là. Quand on sort du Mans, qui est la plus grande course du monde dans un écrin fantastique et où les process sont très cadrés, et qu’on passe à Pikes Peak, pour nous, la recette est la même. L’humain est au coeur de ce projet, qui a été fait pour que les équipes de STA (Signature Technologie Automobile, qui a conçu et qui exploite l’Alpine A110 Pikes Peak) – qui s’occupent déjà des GT4 et des R-GT – puissent avoir un vrai projet sportif. La vraie valeur de ce projet, c’est le partage.
Quelles sont les réactions des spectateurs américains qui découvrent la voiture et peut-être également la marque Alpine ?
Quand le public américain voit passer cette voiture, ils se demandent tous ce que c’est que ça ! Elle a une côte d’affection assez incroyable ici, par son design et par son caractère, elle inspire l’empathie. Elle est bien plus petite que les autres, mais à regarder son efficacité, les spectateurs sont admiratifs de voir ce qui a été fait.
C’est une première pierre posée pour d’autres projets sportifs en Amérique ?
Ça pourrait, mais le sujet ne m’appartient pas, les réponses encore moins. Mais si, indirectement, nous pourrions contribuer à ça, alors ça serait une grande fierté pour nous. Dire que la présence d’Alpine en compétition pour la première fois sur une épreuve américaine – hormis l’Endurance – ça a été à Pikes Peak, c’est déjà génial.
Propos recueillis par Dorian Grangier, à Pikes Peak
Source: AutoHebdo